Rue de Saint-Jean

Genève,

1 - Moi, j’habite la rue de Saint Jean,
J’peux même pas vous dire depuis quand.
Car je suis née dans ce quartier,
Fréquenté par des ouvriers.
La lait’rie fait le coin d’la rue,
Dans l’bistrot il y’a du chahut.
Y’a des mômes qui shootent les pavés,
Qui s’en foutent de s’faire engueuler.
Ya bien d’temps en temps des « gapionds »
Pour faire de l’ordre dans ma rue,
Qu’est-ce qu’ils crânent avec leurs galons,
Y m’font penser à des statues.

Refrain : Rue de Saint Jean,
C’est pas bien grand,
Mais c’est ma rue à moi.
J’y ai grandi,
Et j’y ai ri,
Dans les temps d’autrefois.

2 - Et puis un jour j’ai dû partir,
Pour la raison que j’vais vous dire.
J’avais vingt ans, et lui aussi,
J’voyais la vie sans ses soucis.
Il était beau, et je l’aimais,
Entre ses bras je me fondais.
Mais il dû répondre à l’appel,
Et partir servir le pays.
Finies nos guè-guerres en dentelle,
J’allais en connaître le prix !
D’là bas, il n’est pas revenu,
C’est pour ça, qu’j’ai quitté ma rue.

Refrain : Rue de Saint Jean,
C’est pas bien grand,
Mais c’est ma rue à moi.
J’y ai aimé,
J’y ai pleuré,
C’est déjà loin tout ça.

3 - C’est en repassant par hasard, Un soir où j’avais le cafard.
J’ai voulu revoir mon quartier,
Mon Dieu ! comme il avait changé !
La lait’rie avait disparu,
Le p’tit bistrot n’existait plus.
Sur les trottoirs plus de pavés,
Maint’nant c’est du béton armé.
Et puis j’ai revu ma maison,
Elle était là, toujours debout,
Entourée de ces constructions,
Elle avait su tenir le coup.

Refrain : Rue de Saint Jean,
Malgré les ans,
Tu restes ma rue à moi.
J’y ai aimé,
Dans mon passé.
Dieu ! que c’est loin tout ça !
Rue de Saint Jean.

FIN