La salle et la cocarde

Vincennes,

1 - Mon cœur, arrêt’ de battre comme un fou,
Mon cœur, ne bat plus la chamade,
Puisque ce soir, ce soir tu donnes tout,
Puisque ce soir, t’auras peut être ta cocarde.
La salle, cette bête humaine,
S’en sommeille dans son velours,
Je crois qu’il est minuit à peine,
Elle se repose après un orage d’amour.
La salle m’est presque hospitalière,
Quand ses fauteuils ne craquent plus,
De joie, de joie ou de colère,
Quand tous ces bruits que j’aime se sont tus.

2 - Mon cœur, arrêt’ de battre comme un fou,
Mon cœur, ne bat plus la chamade,
Puisque ce soir, ce soir tu donnes tout,
Puisque ce soir, t’auras peut être ta cocarde.
Mes yeux et mon âme se promènent,
Dans ce silence qui m’entoure,
Je respire et sens son haleine,
Toutes ses formes et ses moindres contours.
Nous sommes dans la même galère,
Chacun ramant bien à sa place,
Chacun d’un côté d’la barrière,
Comme un rapport de forc’, quel face à face !
Ce soir, t’auras peut être ta cocarde,
Mon cœur, ne bat plus la chamade.
Mes mains tremblent,
Ma chemise se mouille,
Il est vingt heures,
La salle est pleine,
Et j’ai la trouille.

FIN